Niasque & Lorenzo
L’histoire d’un garçon et de son cheval
La musique: Gitano Family - Les Saintes Maries de la Mer
La musique: Gitano Family - Les Saintes Maries de la Mer
Je suis né en Camargue par un beau jour d’été 1972, à l’heure où le soleil allume des milliers d’étoiles sur le marais. Dés que j’ai pu me tenir debout, j’ai su que j’avais épousé la liberté et que je passerai ma vie à courir à travers les enganes.
Mon histoire pourrait commencer comme un conte par « il était une fois Niasque et Lorenzo »…
J’ai d’abord été un cadeau. Eh oui, un cadeau de mariage pour Babeth, la maman de Laurent. J’étais heureux au Mas du Maréchal Ferrant, surtout quand deux bambins adorables mais plutôt endiablés, sont venus agrandir la famille. « Julien et Laurent! ». Entre Laurent, qui deviendra plus tard « Lorenzo » , et moi, ce fût une véritable aventure. Nous avions une communication instinctive !
A 6 ans, Laurent a commencé à faire « le singe à cheval » . C’est à cette époque qu’il a mis en place son équilibre et son agilité. Toutes les figures de voltige qu’il exécutait, nous les faisions ensemble. Il avait décidé d’être différent à cheval de tout le monde des gardians et aussi de son frère Julien qui pratiquait l’équitation traditionnelle.
Sa première « Fan » a été sa maman Babeth. Elle qui a cru en lui et l’a toujours encouragé. Nous étions ainsi deux à lui faire entièrement confiance. Nous nous sommes longuement entraînés sur les plages de Camargue. Nous vivions dans une symbiose totale et quand il commençait une figure, j’avais l’impression de la connaître déjà.
A 8 ans, ce fût sa 1ère démonstration en public, dans les arènes des Saintes Maries de la Mer. Quelles émotions !
J’avais le coeur qui battait jusque dans les sabots. Mais aussi quel triomphe, le petit garçon devenait un prodige avec ses acrobaties. Très rapidement, j’ai eu un compagnon, Tarzan, avec lequel je m’entendais à merveille. Laurent progressait si vite, que nous avons eu d’autres compagnons : Le Cid, Carasco, Albert et Jason.
Après avoir exécuté les figures de voltige habituelles, Laurent a inventé les siennes pour devenir LORENZO.
Dans notre équipe, il y avait aussi Germain, l’ami, le confident, l’homme de cheval qui savait aussi construire des cabanes. Laurent avait 12 ans quand il a connu Germain, c’était lors d’un stage de perfectionnement dans une équipe de voltigeurs du Sud de la France chez Charly Andrieux. Germain était un véritable homme de cheval, un exemple pour Laurent. Ensemble ils étaient de vrai amis, ils se taquinaient souvent et parlaient toujours de chevaux. Le savoir de Germain était une vraie richesse aux yeux du petit garçon. Ils étaient devenus inséparables, entraînements, spectacles, longues soirées à la table d’hôtes de Babeth.
Cette époque (1989-1998) de la vie en Camargue restera à jamais inoubliable.
Ils s’aimaient vraiment beaucoup.
Et puis nous avons voyagé ; d’abord en France, puis l’Allemagne, puis une bonne partie de l’Europe et le Canada. Mon dernier voyage a été le Canada en 1997; j’avais 25 ans… prendre l’avion à cet âge là pour un cheval camargue comme moi ! A mon retour c’était décidé, Laurent m’a mis à la retraite ; bien méritée.
Les autres chevaux ont pris la relève…
Le soir, quand je m’endors, j’ai dans les oreilles le bruit des applaudissements.
Et je vois mon petit Prince dans son habit de rêve, voler dans le ciel comme une étoile filante.
NIASQUE, 12 mai 2003, Premier cheval et compagnon de LORENZO